Désencombrement ou durabilité ?

Désencombrement ou durabilité ?

Nous possédons tous du matériel ou des objets que l’on n’utilise plus ou que rarement, et nous nous disons qu’il faut trier, jeter, vendre, en un mot, désencombrer et éventuellement vivre plus simplement et en phase avec ses besoins. Cela part d’une bonne intention ! Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le choix le plus judicieux des points de vue social, environnemental et économique; pour résumer, de la durabilité !

Mais alors pourquoi ?

Commençons par le commencement, jeter est toujours la dernière des solutions. C’est la fin de vie du bien, une petite mort en soi; on transforme ici en déchet une chose qui a été produite via l’extraction de ressources, transportée, distribuée, vendue… Ce déchet sera au mieux recyclé en partie par divers procédés souvent polluants, au pire
désagrégé et incinéré de façon toute aussi voire plus polluante pour sonner l’aboutissement du gâchis. C’est ici l’illustration même de l’économie linéaire qu’il faut combattre. On préférera lorsque c’est possible, réparer si besoin et conserver/valoriser à la place.

Mais si je vends/donne mon bien, cela ne correspond pas à la fin de vie de l’objet, alors pourquoi n’est-ce pas idéal ?
Et bien car nous restons dans un système établi de propriété où seule une personne profite de cet objet, ce qui limite forcément son utilisation et l’objet continu malgré tout son chemin obsolescent sans avoir été « rentabilisé ». In fine cela oblige indirectement à plus de consommation puisque le besoin existe toujours pour de nombreuses autres personnes.

On comprend bien que pour valoriser, éviter les déchets et diminuer l’impact environnemental des objets, il faut allonger leurs durées de vie et augmenter leurs utilisations au maximum.
Pour exemple, l’utilisation d’une perceuse aura un bilan écologique infiniment meilleur si elle implique une perceuse ayant servi 500 fois que si elle implique une perceuse n’ayant servi que 5 fois, puisque c’est en début et fin de vie que les biens ont leur plus fort impact environnemental.

La location des biens que l’on possède est donc bien l’alternative durable et écologique par excellence pour plusieurs raisons :

Premièrement cela revêt une action sociale en permettant aux autres un accès de proximité et à moindre coût à des objets nécessaires pour une durée optimale. On encourage par la même occasion les échanges et les connexions locales avec les personnes autour de soi.
Par ailleurs, cela maximise l’utilisation des objets grâce à leur mise en circulation et minimise donc leur impact propre. C’est donc ici une vrai action écoresponsable anti-gaspi.
Enfin, en valorisant les biens existants et, en gagnant un peu d’argent avec, cela permet d’investir pour l’essentiel, dans la qualité plutôt que dans la quantité et implique un changement durable de notre consommation.

C’est tentant de vouloir désencombrer … mais si l’on perçoit la chose différemment, en possédant les objets et l’espace qui manquent aux autres, nous sommes chacun, localement, un maillon clé dans l’interconnexion sociale, et la réduction de la consommation matérielle globale.

Locircussement vôtre